Les phobies spécifiques existent bels et biens et engendrent une immense souffrance pour ceux et celles qui le vivent.
L’on parle de Phobie spécifique lorsqu’une personne vit une anxiété persistante, irréaliste et intense envers une situation, un objet ou des circonstances particulières. Cette forte anxiété est accompagnée de comportements d’évitement et de comportements sécurisants qui viennent amplifier la peur et l’anxiété.
Les recherches estiment qu’en moyenne 8% des individus auraient un diagnostic de Phobie spécifique pendant au moins 12 mois.
Qu’est-ce que la Phobie spécifique?
La phobie spécifique est une forme d’anxiété qui s’enclenche à la suite d’une exposition imaginée ou réelle à des sources de peur spécifiques. Pour différencier une « simple » peur d’une phobie spécifique, il faut que le niveau de peur et d’anxiété soient intense et constant depuis au moins 6 mois. La peur doit être spécifique à un objet (les chiens), une situation (prendre l’avion) ou une circonstance (être malade).
Le sentiment de peur intense et envahissante doit survenir immédiatement lorsque la personne est confrontée à l’objet ou la situation particulière. La peur engendrée est alors considérée comme « hors de proportion » en comparaison avec le niveau réel de danger. La situation ou l’objet peut provoquer une souffrance si importante qu’il y a des comportements d’évitement des objets ou des situations. Cet évitement peut fortement nuire au fonctionnement social, personnel et professionnel de la personne.
Malgré l’intensité des peurs jugées « hors de proportion », les personnes souffrantes sont généralement consciente que leur anxiété est excessive et d’avoir un problème d’anxiété.
Par contre, le degré de souffrance lors des expositions est souvent si important, que les personnes souffrantes de phobies spécifiques peuvent parfois vivre des attaques de panique, complexifiant le processus d’exposition.
Les phobies spécifiques sont catégorisées en sous-types.
Ces sous-types sont entre-autres:
Type animal: la peur est induite par les animaux ou les insectes.
Type environnement naturel: la peur est induite par des éléments de l'environnement naturel tels les orages, les hauteurs ou l'eau.
Type sang - injection - accident: la peur est induite par le fait de voir du sang ou un accident ou d'avoir une injection ou tout autre procédure médicale invasive.
Type situationnel: la peur est induite par une situation spécifique telle les transports publics, les tunnels, les ponts, les ascenseurs, les voyages aériens, le fait de conduire une voiture ou les endroits clos.
Autre type: la peur est induite par d'autres stimuli. Ces stimulus peuvent comprendre la peur ou l'évitement de situations qui pourraient conduire à un étouffement, au fait de vomir ou de contracter une maladie; la phobie de l'espace (le sujet a peur de tomber s'il est loin de mur ou d'autres moyens de support physique) et les peurs qu'ont les enfants concernant les bruits forts et les personnages déguisés.
Les personnes qui souffrent d’une phobie spécifique ont souvent deux phobies ou plus, suggérant une prédisposition à l’anxiété. Certaines phobies spécifiques seraient plus souffrantes que d’autres, car le niveau de confrontation aux peurs seraient plus réguliers et importants, par exemple : la phobie des ascenseurs, la phobie des chiens ou des chats ou la phobie d’être malade.
Les phobies spécifiques les plus communes seraient la peur des animaux (zoophobie), la peur de la hauteur (acrophobie) et la peur des orages (astraphobie ou brontophobie).
La Phobie spécifique versus le Trouble d’anxiété liée à la maladie
Le Trouble d’anxiété liée à la maladie (autrefois appelé l’hypocondrie) est un trouble de symptôme somatique qui consiste en une préoccupation excessive centrée sur la crainte ou l'idée d'être atteint d'une maladie grave, fondée sur l'interprétation erronée de symptômes physiques (ex : tâches brunes sur la peau et crainte d’avoir le cancer). Les personnes souffrantes de l’anxiété liée à la maladie vont consulter régulièrement Internet, de la documentation et des professionnels de la santé afin de valider ou infirmer leurs préoccupations envahissantes et être rassurées. Souvent, le sentiment de sécurité est temporaire et les préoccupations excessives vont revenir jusqu’à la disparition complète des symptômes physiques.
Dans la phobie spécifique des maladies, la personne qui souffre a la crainte d’être directement exposée à la maladie (ex : attraper un rhume). Elle est ainsi préoccupée par la peur de contracter la maladie, plutôt que l’idée envahissante d’avoir une maladie.
S’exposer à nos peurs, graduellement
Afin de traiter les phobies spécifiques, le traitement le plus efficace est souvent l’exposition graduelle aux sources de peur. Il est néanmoins, important d’effectuer un plan d’exposition pour ne pas y aller trop rapidement et augmenter le sentiment de peur intense.
En psychothérapie ou à l’extérieur d’un suivi clinique, la première étape est de noter toutes les situations qui nous engendrent de la peur.
Par exemple pour la phobie des chiens :
- Regarder des images de chiens animés
- Regarder des images de chiens réels
- Regarder un dessin animé de chiens
- Regarder un film avec des vrais chiens
- Voir un vrai chien attaché et à distance
- Voir un vrai chien attaché plus proche
- Voir un vrai chien qui n’est pas attaché à distance
- Voir un vrai chien qui n’est pas attaché plus proche
- Toucher un vrai chien (petit chien)
- Flatter un vrai chien (petit chien)
- Prendre un vrai chien dans ses bras (petit chien)
Comme vous pouvez le voir, les étapes sont graduelles et successives. L’élément central est de s’exposer petit par petit, afin de déconstruire le sentiment de peur et de danger associé à la situation (ici l’animal).
Il est ainsi préférable de commencer l’exposition par une situation facile à affronter, donc qui engendre un niveau de peur de 2-3 sur 10 maximums. Lorsque celle-ci est surmontée, nous pouvons passer à une situation légèrement plus difficile et continuer ainsi, jusqu’à une élimination totale des symptômes anxieux en situations sociales. L’on parle d’élimination de la peur, lorsque l’exposition engendre un niveau d’anxiété de 0-1 sur 10.
Ainsi, la Phobie spécifique est un Trouble d’anxiété qui est identifié et traité avec de la constante, de la répétition et de la persévérance. L’objectif est de graduellement surmonter s’exposer aux objets, situations ou circonstances anxiogènes, afin de déconstruire l’impression de danger réel et de reprendre confiance en soi.
Présentation vidéo
Références
· Barnhill, J.W. (2018). Troubles phobiques spécifiques. Weill Cornell Medical College and New York Presbyterian Hospital. Retracé à: https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-mentaux/anxi%C3%A9t%C3%A9-et-troubles-li%C3%A9s-au-stress/troubles-phobiques-sp%C3%A9cifiques
· Santé Québec (2020). Phobie. Retracé à https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/sante-mentale-maladie-mentale/phobies/
Ressources
Elsa Brais-Dussault/ LudiPsy
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