Les jeux existeraient depuis l’existence même des êtres vivants. Ainsi, les recherches sur le sujet tendent à refléter que le concept de « jouer », soit : « d’une activité physique ou mentale qui n’a pas d’autre but que le simple plaisir qu’elle procure », est un concept inné chez les êtres vivants. Tout être vivant, Homme, animal, va jouer au cours de sa vie.
Soulevant ce comportement inné et qui semble primordial au bien-être des êtres vivants. Plusieurs chercheurs se sont intéressés à identifier, répertorier et classer ces divers comportements de jeux.
Dans le domaine de la psychologie, l’un des pionniers reconnus dans la recherche sur le jeu et le développement cognitif et social des jeunes est le psychologue suisse Jean Piaget (1896-1980). Celui-ci aurait consacré sa vie à essayer de comprendre les cycles de développements de l’être humain, dont l’un passe par l’apprentissage par le jeu.
Piaget identifia tout d’abord, différentes périodes de vie;
1) nouveau-né (premier mois de vie),
2) bébé (du premier mois à environ 2 ans),
3) petit enfant (2 ans à 5-7 ans),
4) enfant (5-7 ans à 11-12 ans),
5) pré-adolescent (11-12 ans à 13-14 ans),
6) adolescent (13-14 ans jusqu’à 17-20 ans),
7) adulte (17-20 ans jusqu’à 60-70 ans),
8) vieux/ personne du troisième âge (de 60-70 ans jusqu’à notre mort).
Le chercheur suisse identifia également quatre principaux stades du développement de l’enfant:
1) Stade sensorimoteur : de la naissance à environ 2 ans;
2) Stade pré-opératoire : de 2 ans à 6-7 ans;
3) Stade des opérations concrètes : de 6-7 ans à 11-12 ans;
4) Stade des opérations formelles : à partir de 11-12 ans et maîtrise vers 15 ans.
L’exploration des quatre stades du développement de l’enfant nous permet d’explorer et de comprendre les différentes classifications du jeu, selon la perspective développementale de Piaget.
Le stade sensorimoteur
De sa naissance jusqu’à environ 2 ans, le bébé explore le monde à travers ses sens. Le jeu est alors à sa forme la plus primitive; le simple plaisir fonctionnel des mouvements et des sensations. L’on parle alors de jeux d’exercices; jouer est aussi simple que de balancer ses jambes dans le vide, de mâcher un objet ou de toucher une texture agréable.
Le stade pré-opératoire
De l’âge de 2 ans à environ 6-7 ans, le petit enfant apprend à parler, donc à communiquer ses besoins et ses envies. Il commence également l’apprentissage de la pensée symbolique, donc de se représenter des choses à partir de mots, de symboles et de signaux. L’on parle ici de jeux symboliques; le petit enfant utilise le langage et son observation des autres pour effectuer des jeux d’imitation symbolique de ce qui l’entoure. Il joue alors à faire semblant, à imaginer des choses, recréer et adapter le réel.
Piaget explique que l’enfant exprime ses représentations de la vie à travers le jeu; le faire semblant (ex : faire semblant de boire du thé), l’imitation (ex : jouer le rôle de maman et donner à manger à sa poupée) et d’identification (ex : le balais devient un cheval et le sofa un dragon à affronter).
Le stade des opérations concrètes
Entre 6-7 ans et 11-12 ans, les enfants accumulent de plus en plus d’expériences de vie. Ils deviennent de plus en plus aptes à envisager des événements en dehors du moment présent et ils commencent à conceptualiser des raisonnements logiques. L’on parle alors de jeux de construction; des jeux qui constituent des adaptations à la réalité ou des solutions à des problèmes réels ou crées par l’imagination (ex : le chevalier qui va sauver la princesse enfermé dans la tour du dragon ou un jeu de casse-tête, d’assemblage de pièces…).
Le stade des opérations formelles
À partir de 11-12 ans et tout au long de notre vie, les adolescents développent de nouvelles capacités nommées; les raisonnements hypothético-déductifs. Ceux-ci permettent de créer des relations abstraites et des logiques formelles (ex : questionnements moraux). Les jeux se traduisent alors à travers des jeux de règles; les adolescents intègrent le développement affectif et moral dans son environnement de vie et ses habiletés de socialisation. Les jeux de règles sont plus complexes et développés, intègrent des concepts réels et imaginaires, demandent d’intégrer, de comprendre et de respecter des consignes pour le bien-être social du groupe (ex : les jeux de société, les jeux de rôles, une histoire imaginaire avec des règles précises pour le monde crée).
En somme, Piaget a soulevé l’importance du jeu dans le développement cognitif et social des premiers mois de vie jusqu’à l’âge adulte.
« Le jeu serait ainsi : 1) une source d’apprentissage; c’est en agissant, en jouant que l’on apprend; 2) une source de motivation; en jouant nous sommes mobilisé dans l’action et; 3) une source d’imaginaire; lorsque nous jouons, nous explorons un monde réel et imaginaire et entretenons un pouvoir de liberté créatrice! »
Elsa Brais-Dussault/ LudiPsy
Ressources :
Le cerveau à tous les niveaux. Le développement cognitif selon Piaget, Université McGill. Retracé à : https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_09/i_09_p/i_09_p_dev/i_09_p_dev.html#1
Les outils de l’AGEEM. Le rôle du jeu dans le développement de l’enfant, par « jouer à la maternelle, c’est apprendre. Retracé à : http://www.ac-grenoble.fr/ecole/74/maternelle74/IMG/pdf/le_role_du_jeu_dans_le_developpement_de_l_enfant_ageem2.pdf
