Le concept d’anxiété généralisée est parfois confondu avec la « peur de tout », une peur généralisée, donc qui concerne tout ce qui nous entoure.
Ce n’est pas exactement le cas.
Avoir peur de tout serait effectivement dysfonctionnel et dommageable pour le bien-être d’une personne, mais ici nous parlons plutôt de la « peur de l’incertitude, de l’inconnu et de la nouveauté ».
Bien sûr, nous sommes confrontés à de l’incertitude, de l’inconnu et de la nouveauté presque quotidiennement, d’où vient le terme d’anxiété généralisée.
Ainsi, l’anxiété généralisée, tout comme l’anxiété sociale (voir précédent article sur l’anxiété) fait partie de la grande catégorie des Troubles anxieux.
Un trouble anxieux est une manière d’agir et de réagir en lien avec des situations perçues comme « dangereuses » pour nous et qui nous rendent profondément inconfortables ou intolérables.
Avec l’anxiété généralisée une grande souffrance ou un niveau de dysfonctionnement peut être présent au quotidien et dans plusieurs sphères de vie.
Les études scientifiques estiment qu’en moyenne 5 à 10% des individus auraient un diagnostic de Trouble d’anxiété généralisée. Considérant qu’il est estimé que 25% de la population générale aura un trouble anxieux dans sa vie, une moyenne de 5 à 10% reste un taux assez élevé.
Qu’est-ce que l’anxiété généralisée?
L’anxiété généralisée est une peur associée à différents éléments déclencheurs qui sont multiples et fréquentes. Ces éléments déclencheurs sont des préoccupations excessives et omniprésentes qui peuvent varier dans le temps et concerner des sujets divers, tels que le travail, les finances, les responsabilités, la famille, les enfants, les tâches domestiques…
L’anxiété généralisée est reconnue pour la présence de pensées envahissantes et intolérables concernant des préoccupations futures, et qui seront maladroitement gérées par des comportements d’évitements, tels que la procrastination, l’évitement des nouvelles situations, le besoin d’accompagnement…, et des comportements sécurisants, tels que la sur-planification, l’hypervigilance, la surprotection, le besoin d’être constamment rassuré…
Les situations possibles qui peuvent déclencher et maintenir l’anxiété généralisée sont entre-autres:
D’être confronté à des imprévus
Faire face à une nouveauté (personne, situation, lieu)
Tolérer l’incertitude
Gérer des prises de décisions
Les symptômes associés à l’anxiété sont, entre-autres :
Palpitations cardiaques ou accélération du rythme cardiaque;
Tremblements ou secousses musculaires parfois généralisées à tout le corps;
Transpiration excessive;
Douleurs musculaires;
Maux de ventre;
Diarrhée ou inconfort abdominal;
Rougissement;
Confusion.
Pour l’anxiété généralisée, des symptômes particuliers sont observées, avec ou sans les symptômes précédemment nommés :
État de fébrilité et de nervosité
Fatigue chronique et épuisement
Difficultés de concentration et de mémorisation
Irritabilité et manque de patience
Tensions musculaires chroniques
Troubles du sommeil
L’anxiété de performance versus l’anxiété généralisée
L’anxiété de performance n’est pas en soi un diagnostic officiel du manuel diagnostique de santé mentale (DSM). L’on parle alors de symptômes anxieux. Ceux-ci sont particulièrement déclenchés lors de situations de performances académiques, professionnelles, sportives, par exemple : un examen, une compétition de hockey, la participation à un concours professionnel.
L’anxiété de performance engendre des symptômes cognitifs (pensées envahissantes), des symptômes comportementaux (évitement) et des symptômes somatiques pré-performances incapacitants (de fortes appréhensions).
Il y a certaines similarités entre l’anxiété généralisée et l’anxiété de performance, tels que les pensées envahissantes, les appréhensions, des troubles somatiques, des problèmes de mémoires, des excès d’anxiété.
Les différences entre l’anxiété généralisée et l’anxiété de performance sont cependant importantes à considérer, notamment la cause de l’anxiété, la catastrophisation récurrente des conséquences d’une « mauvaise » performance, des crises d’angoisses durant les performances et un niveau d’anxiété élevé même si les performances sont bonnes. Très souvent, les symptômes d'anxiété de performance sont présents dans le diagnostic du Trouble d'anxiété de performance.
Traits de la personnalité obsessionnelle-compulsive versus l’anxiété généralisée
La personnalité obsessionnelle-compulsive est un trait de la personnalité. Ainsi, il s'agit de tendances que nous avons dans notre perception de la réalité, notre gestion émotionnelle et nos réactions comportementales face à une personne ou à une situation.
Les traits de la personnalité sont présents, à divers degrés, chez les individus et restent relativement constantes dans le temps. Nous ne pouvons pas totalement "changer de personnalité", mais il est possible de flexibiliser nos traits de la personnalité.
Le trait de la personnalité obsessionnelle-compulsive (POC) est associé à des personnes accordant une grande importante à la minutie, au détail, au respect des règles et des valeurs, mais également à des tendances au perfectionnisme, à la sur-planification et à l'hypervigilance.
Ces souvent dans ces derniers comportements qu'il peut y avoir confusion entre de l'anxiété généralisée et le trait de la POC. Dans les deux, il peut y avoir présence d'importance accordée au détails, d'hypervigilance, de sur-planification et d'organisation exagérée. Dans les deux cas, il peut s'agir de comportements sécurisants afin de gérer des pensées et des craintes anxiogènes.
Par contre, le trouble d'anxiété généralisée est un Trouble anxieux, tandis que le trait de la POC est un trait de la personnalité, ce qui est deux éléments diagnostic différents et dont l'intervention sera également différemment structurée.
Comment s’aider lorsque nous avons de l’anxiété généralisée?
S’exposer à la nouveauté et à l’inconnu:
En psychothérapie ou même à l’extérieur d’un suivi, l’une des premières étapes est de confronter progressivement ses craintes, en effectuant une exposition graduelle à ces sources d’anxiété. Il s’agit ainsi de s’habituer progressivement à affronter les situations redoutées, qui sont généralement évitées. Le mot clé de l’exposition est d’y aller graduellement!
Il est ainsi préférable de commencer l’exposition par une situation facile à affronter. Lorsque celle-ci est surmontée, nous pouvons passer à une situation légèrement plus difficile et continuer ainsi, jusqu’à une élimination totale des symptômes anxieux en situations sociales.
Des exemples d’exercices d’exposition à l'incertitude seraient de :
- Apprendre à ne pas prendre 100% le contrôle des situations
- Déléguer des tâches et des responsabilités
- Laisser une personne de confiance nous organiser une surprise
- Découvrir un nouvel endroit, sans sur-planification
- Rencontrer de nouvelles personnes, sans hypervigilance
- Essayer une nouvelle activité...
Restructuration cognitives des croyances erronées
Les croyances erronées ou irrationnelles sont des ensembles de pensées, de discours internes ou de schémas de pensées négatives que l’on alimente (consciemment et parfois inconsciemment), par rapport à des situations hors de notre contrôle. Cela inclus des scénarios catastrophiques qui sont souvent appréhendés en lien avec une situation nouvelle ou incertaine (ex.: que va-t-il se passer si... Si jamais j'ai oublié telle chose..., Comment vais-je gérer la situation si...). Ces pensées sont nos pires ennemis, car elles contribuent à l’évitement de situations qui pourraient être plaisantes et à la présence de comportements d'hypervigilance qui sont souvent énergivores.
Ainsi, l’anxiété généralisée est un Trouble d’anxiété qui est identifié et traité avec de la constante, de la répétition et de la persévérance. L’objectif est de graduellement surmonter ses craintes, tout en s’exposant à nos incertitudes et en prenant confiance en soi et en ces capacités à gérer des stress réels.
Présentation vidéo
Références :
Geninet, I., Harvey, P., Doucet, C., et Dugas, M. L’intolérance à l’incertitude et le trouble d’anxiété généralisée. Laboratoire des troubles anxieux, Université Concordia. Retracé à https://uqo.ca/sites/default/files/fichiers-uqo/anxiete/guide_fr.pdf
Ladouceur, R., Bélanger, L., et Léger, É. Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien, Paris, Éditions Odile Jacob, 2003.
Langlois, F. Anxiété de performance : de l’anxiété normale à pathologique. Retracé à https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/docs/FWG/GSC/Publication/1518/93/1924/1/92733/14/F_2146502728_Anxi_t__de_performance.pdf
Linteau, M-A. (1997). L’anxiété de performance ou la réussite à tout prix. Retracé à http://www.cscp.umontreal.ca/documents/anxiete_performance.pdf
Trouble d’anxiété généralisée. Retracé à https://www.camh.ca/fr/info-sante/index-sur-la-sante-mentale-et-la-dependance/trouble-danxiete-generalisee
L’anxiété généralisée : Quand une inquiétude vaut mille maux. Retracé à https://www.aide.ulaval.ca/psychologie/textes-et-outils/difficultes-frequentes/l-anxiete-generalisee-quand-une-inquietude-vaut-mille-maux/
Exemples de tests :
Questionnaire GAD-7 : https://psymontreal.com/test-anxiete/
Questionnaire GAD-7 : https://www.esantementale.ca/index.php?m=survey&ID=3
Outils et questionnaires pour l’anxiété :https://uqo.ca/anxiete/outils
